LA TABLE
Des visages familiers
Brillent autour de la lampe du soleil.
Les rayons touchent les fronts
Et parfois changent de front
Oscillant de l’un à l’autre.
Des explosions d’irréel dans une fumée blanchissante
Mais nul bruit pour les oreilles:
Un fracas au fond de âme.
Des gestes autour de la table
Prennent le large, gagnent le haut-ciel,
Entre-choquent leur silences
D’où tombent des flocons d’infini.
Et c’est à peine si l’on pense à la Terre
Comme à travers le brouillard d’une millénaire tendresse.
L’homme, la femme, les enfants,
A la table aérienne
Appuyée sur un miracle
Qui cherche à se définir.
Il est là une porte toute seule
Sans autre mur que le ciel insaissable,
Il est là une fenêtre toute seule,
Elle a pour chambranle un souvenir
Et s’entr’ouvre
Pour pousser un léger soupir.
L’homme regarde par ici, malgré l’énorme distance,
Comme si j’étais son miroir,
Pour une confrontation de rides et de gêne.
La chair autour des os, les os autour de la pensée
Et au fond de la pensée une mouche charbonneuse.
Il s’inquiète
Comme un poisson qui saute
A la recherche d’un élément,
Entre le vase, l’eau et le ciel
Le ciel est effrayant de transparence,
le regard va si loin qu’il ne peut plus vous revenir.
Il faut bien le voir naufrager
Sans pouvoir lui porter secours.
Tout à coup le soleil s’éloigne jusqu’à n’être plus qu’une étoile perdue
Et cille.
Il fait nuit, je me retrouve sur la Terre cultivée.
Celle qui donne le mais et les troupeaux,
Les forets belles au coeur.
Celle qui ronge nuit et jour nous gouvernails d’élévation.
Je reconnais les visages des miens autour de la lampe
rassurés comme s’ils avaient
Échappé à l’horreur du ciel,
Et le lièvre qui vielle en nous se réjouit dans son gite;
Il hume son poil doré
Et l’odeur de son odeur, son coeur qui sent le cerfeuil.
*Gravitations – Jules Supervielle
TRADUZIONE IN ITALIANO DI Andrea Giramundo
LA TAVOLA
Facce familiari
Brillano intorno alla lampada del sole.
I raggi colpiscono le fronti
E a volte cambiano di fronte
Oscillando da una all’altra.
Esplosioni d’irreale avvolte in un fumo sbiancante
Ma alcun rumore per le orecchie:
Un frastuono nel profondo dell’anima.
Gesti intorno al tavolo
Prendono il largo, guadagnano il cielo,
Scontrano il loro silenzio
Da dove cadono fiocchi d’infinito.
A malapena pensiamo alla Terra
Come attraverso la nebbia d’una tenerezza millenaria.
L’uomo, la donna, i bambini,
Alla tavola celeste
appoggiata sopra un miracolo
Che cerca di definirsi.
C’è una porta tutta sola
Senza altro muro che il cielo inafferrabile,
C’è una finestra tutta sola,
ha un ricordo come stipite
E si schiude
Per tirare un leggero sospiro.
L’uomo guarda da questa parte, nonostante l’enorme distanza,
Come se fossi il suo specchio,
Per un confronto di rughe e imbarazzo.
La carne intorno alle ossa, le ossa intorno al pensiero
E in fondo al pensiero una mosca di carbone.
Lui è preoccupato per me
Come un pesce che salta
Alla ricerca di un elemento,
Tra il vaso, l’acqua e il cielo
Il cielo è sconvolgente di trasparenza,
lo sguardo va così lontano che non può più tornare.
Bisogna pur vederlo naufragare
Senza essere in grado di salvarlo.
Improvvisamente il sole s’allontana fino diventare stella perduta
Rimane senza sbattere ciglia.
È notte e mi ritrovo sulla Terra coltivata.
Colei che dona il granturco e i greggi,
Le belle foreste nel cuore.
Quella che rosica notte e giorno le nostre aspirazioni d’elevazione.
Riconosco i volti dei miei intorno alla lampada
rassicurati come se fossero
Sfuggiti all’orrore del cielo,
E la lepre che invecchia in noi gioisce nella sua casa;
Odora il suo pelo dorato
E l’odore del suo odore, il suo cuore che odora di cerfoglio.