QUATRE-VINGTS GRAMMES DE MONDE
Ce qui est bien quand tu fais de la poésie, c’est
que tu oublies très vite tes dettes et la pression
au travail : elles ne s’effacent pas, aucun miracle,
mais leur arrogance c’est éteinte. Le géant
devenu petit soldat. Sous le talon. Au début tu
écris parce que tu n’a pas de quoi te payer un
massage ou un psy, puis tu continues comme
on déroule la notice d’un remède, pour voir
s’éloigner les conditions administratives de ce
monde. Avec la poésie, tu ne montes pas dans
l’échelle sociale, tu ne descends pas non plus,
mais lorsque fatigué ds écrans tu plaques
devant toi quatre-vingts grammes de papier,
une fois, deux fois, dix fois, c’est comme si tu
faisais des faux billets. Quoi de plus palpitant
que d’inventer sa propre monnaie ? Ta journée,
c’est de la matière première, ta nuit c’est ta
presse. Bien sur il faut être patient et enchainer
les cafés, si la nature a mis neuf mois à t’établir
sur Terre et des millions d’années pour t’offrir
une origine, il est inutile de courir après le bus,
marcher n’est pas ralentir, et le temps que tu
perds à écrire n’est pas si paumé.
*Marc Guimo, LA POESIE, PERSONNE N’EN LIT (Ed. la Boucherie littéraire)
.
TRADUZIONE ITALIANA DI : Andrea Giramundo
OTTANTA GRAMMI DI MONDO
Ciò che c’è di buono quando fai della poesia, è
che si dimenticano veloce i debiti e la pressione
al lavoro: non svaniscono, nessun miracolo,
ma la loro arroganza si è estinta. Il gigante
diventato piccolo soldatino. Sotto il tallone. All’inizio tu
scrivi perche’ non hai di cosa pagare
un massaggio o uno psi, poi continui come
si svolgono le istruzioni d’una cura, per vedere
allontanarsi le condizioni amministrative di questo
mondo. Con la poesia, tu non sali sul
piano sociale, tu non scendi nemmeno,
ma quando stanco degli schermi tu piazzi
di fronte a te ottanta grammi di carta,
una volta, due volte, dieci volte, è come se tu
facessi banconote false. Cosa di più palpitante
che d’inventare la propria moneta ? La tua giornata,
è materia prima, la tua notte è la tua
stampa. Certo che bisogna essere paziente e attaccarsi
ai caffè, se la natura c’ha messo nove mesi per stabilirti
sulla Terra e diversi milioni di anni per offrirti
un’origine, è inutile correre appresso al bus,
camminare non è rallentare, e il tempo che tu
perdi nello scrivere non è poi così perduto